06 mai 2010

Dijon 6 mai 1775 : macabre découverte à l’église Saint-Philibert….





Le matin du 6 mai 1775, au moment d’enterrer Charles-Joseph Riepp, décédé la veille, dans le caveau situé sous la sacristie de l’église Saint-Philibert, on y a découvert le cadavre d’un enfant.
Le commissaire de Police Jean Legey accompagnés de deux sergents de la mairie et du médecin légiste Ravachat se sont rendus sur place. L’autopsie, pratiquée dans la sacristie, a permis de déterminer qu’il s’agissait d’un enfant mort-né, qui avait été jeté dans le caveau par un soupirail ouvrant du côté de l’église Saint-Bénigne.
Ceci n’a certainement pas empêché d’enterrer Riepp dans ce caveau, et à moins que les révolutionnaires ne soient venus le déranger, il doit y être encore… avis aux archéologues !

Voici le rapport dressé par le commissaire :
« Jean Legey procureur au parlement de Dijon, substitut commissaire de police de ladite ville savoir fait que ce jourd’huy six may il sept cent soixante et quinze, heure de dix du matin par devant moi a comparu le Sieur Marmet marguillier de l’église Saint Philibert de Dijon lequel m’a déclaré qu’il a fait ouvrir ce matin le charnier de l’église Saint Philibert qui règne sous la sacristie pour ensevelir le Sr. Riepp, que l’on a trouvé dans ledit charnier un enfant mort que l’on y avait jeté par une petite fenêtre qui donne du côté des Bénédictins lequel enfant avait été trouvé dans un linge ensanglanté et à l’instant je me suis transporté dans ladite église Saint Philibert accompagné du sieur Jean Baptiste Ravachat chirurgien juré en cette ville et de Claude Antoine Magnien et Bernard Langrot sergents en la mairie. Où étants, j’ay fait apporter l’enfant dans la sacristie lequel était effectivement entouré d’un linge ensanglanté et en ayant été levé et ledit Sieur Ravachat ayant fait l’inspection du cadavre il m’a déclaré qu’il a reconnu que l’épiderme était détaché des tégumans que les os du crane étaient détachés de ceux de la face sans aucune playe. Et ledit Ravachat voulant s’assurer si l’enfant avait eu vie depuis l’accouchement il aurait ouvert la poitrine de l’enfant en ma présence et en ayant tiré un poumon il l’a jeté dans de l’eau renfermée dans un vase et à l’instant le poumon est allé au fond de l’eau ce qui prouve que l’enfant n’a pas été tué. M’ayant de plus déclaré ledt. Sieur Ravachat que l’on n’avait point fait de ligature au cordon ombilical que l’enfant lui paraissait être au terme de neuf mois et qu’il avait déjà eu commencement de pourriture. Ensuite je me suis transporté dans la ue du coté des Bénédictins et j’ay reconnu que la petite fenêtre ou lucarne qui donne dans le charnier était fermée par un barreau de fer et par un grillage de fer mais que l’on avait fait un trou dans le grillage. De tout quoy j’ai dessé le présent procès-verbal pour servir et valoir ce qu’il appartiendra. En foy de quoy je me suis soussigné avec lesdits Sr. Pelletrat le Ravachat et led. Magnien et Langrot et ay déposé au greffe de la Mairie le linge ensanglanté ensemble le présent procès-verbal.
Magnien Ravachat Langrot Legey com[missaire] de Police »

[Archives départementales de la Côte d’Or, B II 353 ] - Pierre Marie Guéritey

02 mai 2010

Du nouveau sur Robert Riepp (26 mars 1711 - 2 mai 1749)…

On ne savait pas grand-chose sur le frère cadet de Charles-Joseph Riepp, Ruppert ou Robert, né le 26 mars 1711 et venu avec lui en France. Il a vécu à l’ombre de son aîné, et jusqu’à maintenant la date même de sa mort restait imprécise. Les recherches que je mène pour la préparation des journées Riepp de Dijon et d’Ottobeuren m’ont permis de découvrir que Robert Riepp est mort sans héritier le 2 mai 1749, et que jusqu’à cette date, les deux frères ont travaillé ensemble : ils avaient constitué entre eux verbalement une société des « frères Riepp » dont ils partageaient à moitié les gains et les pertes.
La société s’est trouvée dissoute par le décès de Robert, et Charles-Joseph a indemnisé la veuve de son frère : Jeanne Claude Balliet, que Robert avait épousée à Besançon en avril 1746.
Ainsi de 1736 à 1749, pendant plus de douze ans, bien qu’on ne connaisse pas de marché important signé uniquement par Robert et que Charles Joseph apparaisse comme le chef de l’entreprise, les orgues de Riepp ont été construits par les frères Riepp, y compris bien sûr l’orgue de Saint Bénigne de Dijon. L’inscription sur le biseau du plus gros tuyau de la montre de cet orgue – aujourd’hui malheureusement perdue - l’attestait.
En janvier 1747, Louis XV a accordé des lettres de naturalité aux frères Riepp, comme Robert s’y était engagé auprès de sa belle famille. Ainsi, Charles Joseph a pu être reçu l’année suivante dans la corporation des maitres marchands de vins en gros et en détail de Dijon. L’arrivée de Louis Weber en 1748 lui a permis opportunément de faire face aux chantiers d’orgues à la mort de son frère et de développer parallèlement le commerce des vins… (P. M. Guéritey)