24 janvier 2011

Mon cher Lolot

François Trouvé (Champagne sur Vingeanne 1716 – Vosne 6 mai 1797) a été élu abbé de Cîteaux le 25 novembre 1748, conseiller-né au parlement de Bourgogne, il a été présenté au roi (Louis XV) le 11 janvier 1749, ce fut le dernier abbé de Cîteaux avant la Révolution.
Anselm II Schwab, élu en 1746 (Füssen,1713 – Salem 1778) est l’avant dernier abbé de Salem avant la sécularisation (1802) Dès le débu des années 1750, Anselm II qui voulait obtenir la charge de Vicaire général de l’ordre pour l’Allemagne et la Silèsie était aussi en procès avec les couvents de cisterciennes dépendant de Salem.
Charles Joseph Riepp, (Eldern 24 janvier 1710 – Dijon 5 mai 1775) né à Eldern près d’Ottobeuren en Souabe, il est venu en France en 1732, d’abord en alsace puis à Dijon où on le trouve dès 1736. Installé à Dole en 1740, il épouse le 18 avril 1741 Anne Françoise Eve (Dole 30 mars 1718-Dijon 2 janvier 1779). Le couple s’installe à Dijon en 1743.
En relations permanente avec les abbayes de Salem et de Cîteaux (dont il a restauré l’orgue de 1736 à 1739) Charles Riepp est avec sa femme le défenseur des intérêts de l’abbé de Salem à Cîteaux.
Alors que sa fille Jeanne Françoise est née le 1er février 1753, et que l’orgue de Dole est en construction, il se rend à Salem en août, sa femme, demeurée à Dijon, elle, n’est pas restée inactive et elle est allée aux nouvelles à Cîteaux. Le 15 septembre elle lui écrit pour lui dire qu’on lui a affirmé que « M. l’Abbé de Salem » obtiendrait bientôt ce qu’il demande…
M. l’Abbé de Salem n’obtiendra finalement pas grand-chose… Après les deux orgues d’Ottobeuren, Riepp construira trois (ou quatre) orgues à Salem entre 1767 et 1774, et pendant tout ce temps, il développera son commerce de vin et constituera son domaine viticole dans la côte de Nuits. En 1769 sa « grosse fille » Jeanne François épouse Barthélemy Trouvé, conseiller au Parlement de Bourgogne, neveu de François Trouvé qui s’est retiré chez lui à Vosne pendant la Révolution et y est mort en 1797…
Evidemment comme c’était l’usage dans les abbayes, cette lettre a été ouverte et copiée consciencieusement par le secrétaire de l’Abbé. La copie se trouve aux archives du Bade-Wurtemberg à Karlsruhe et se termine ainsi :

« dans le couvert se trouvait écrit ce qui suit :
Mon cher Lolot, je t’embrasse mille fois de même que ta grosse fille. Je t’ai mis cette enveloppe pour la plus grande sureté ….
»

Voilà donc un facteur d’orgues émigré qui a bien réussi à s’intégrer dans son pays d’adoption Celui qu’on entend citer comme « Karl-Joseph Riepp » par les savants musicologues, sa femme l’appelait « Lolot » comme on appelait familièrement en Bourgogne ceux qui s’appellent Charles (Charles ...... Charlot .....Lolot).

Mon cher Lolot,
Je te souhaite un bon anniversaire puisque le 24 janvier 2011 cela fait 301 ans que tu es né à Eldern.
Pendant toute l’année 2010, on s’est bien occupé de ton 300e anniversaire. Pour ma part, il y a 30 ans que je te connais bien, toi, tes vignes, et les orgues que tu as construits. Depuis 2009, j’ai repris les recherches au sujet des facteurs d’orgues Bourguignons (Riepp, les Callinet, Bénigne Boillot) et j’ai retrouvé encore beaucoup de documents qui te concernent. Je les publierai peut-être un jour…
Pierre Marie Guéritey

En attendant, ceux qui sont intéressés par le sujet peuvent encore se procurer auprès des amis de l’orgue de la Cathédrale Saint Bénigne de Dijon ou auprès des amis de l’orgue de Dole la brochure des journées Riepp 2010.