17 juillet 2023

L’orgue de la Primatiale Saint-Jean à Lyon

Bien-sûr, cet orgue n’a rien à voir avec Charles-Joseph Riepp, ni même avec Joseph Rabiny qui a séjourné à Lyon de 1761 à 1765, où il a travaillé aux orgues des Bénédictines de Saint-Pierre et de l’hôpital de la Charité. Alors, les chanoines-comtes de Lyon n’admettaient pas l’orgue et il a fallu attendre 1841 pour qu’enfin un petit orgue soit installé à la Primatiale à l’initiative de Mgr de Bonald, après que Joseph Callinet ait déjà placé des instruments dans des paroisses du diocèse : à Villefranche-sur-Saône et à Lyon à l’église Saint-François.

Depuis la fin des années 1980, il a été question de remplacer l’orgue de la Primatiale, maintes fois transformé et à bout de souffle.

Le grand orgue de la Primatiale en 1990
(Inventaire des orgues de la Région Rhône-Alpes)

L’adaptation d’un nouvel orgue à l’acoustique très réverbérante de la Primatiale a posé, parmi les nombreuses questions soulevées, celle de l’emplacement d’un éventuel nouvel instrument.

Alors en charge de l’inventaire des orgues de la région Rhône-Alpes, nous avons suscité la réalisation d’une expérience d’écoute subjective. Cette expérience menée par Michèle Castellengo et son équipe du LAM a fait l’objet d’un contrat de la DRAC Rhône-Alpes. Un rapport a été remis en 1993 :

De Rocquigny E., Castellengo M., et coll., Etude de l’emplacement optimal d’un nouvel orgue à la Primatiale de St-Jean de Lyon ; Contrat d’étude du ministère de la Culture, DRAC Rhône-Alpes.

Des sources sonores représentatives d’un orgue « de cathédrale » développées spécialement étaient placées en 3 endroits de l’édifice, supposés pouvoir accueillir l’orgue. Un échantillon de personnes se déplaçant au sol en 6 points de l’édifice devaient noter la qualité de l’écoute[1].

Ensuite, après plusieurs années au cours desquelles des projets ont été élaborés par plusieurs manufactures, j'ai eu l'occasion de  produire une historique détaillée de l’instrument depuis son origine jusqu’à son installation en tribune au transept sud, à partir de ce que nous avions publié dans l’inventaire des orgues de Lyon quelques années auparavant [2] 

lire avec le lien ci-dessous :

INVENTAIRE DES ORGUES 1991

On pourra lire ci-dessous le texte de cette étude de 2007[3], qui n'était pas destinée à être publiée, mais dont le contenu a circulé suffisamment pour que plusieurs publications y puisent largement  dès l’année suivante …

cliquez sur le lien :

HISTOIRE DE L'ORGUE DE LA PRIMATIALE 2007

Le nouvel orgue de la Primatiale, réalisé par Pascal Quoirin, compose autant que faire se peut avec l’acoustique de l’édifice. Il réutilise une grande partie de l’ancienne tuyauterie et l’ancien buffet dont la façade arrière a été reconstituée[4].


[1]. Contrairement aux idées reçues, cette étude n’avait pas démontré que l’emplacement de l’orgue en tribune dans le transept sud était la plus défavorable.

[2]. Pierre-Marie et Michelle Guéritey, Les orgues de Lyon, Association régionale de diffusion et d'information musicales Rhône-Alpes, Seyssel, Ed. Comp'act, 1992, p.

[3]. Lire en particulier la page 2, eu égard à ce qui a été finalement réalisé en 2022. En 2007, l’idée d’une console électrique mobile semblait encore une obscénité pour certains …

[4]. Cf. inventaire national des orgues. La chamade ajoutée est-elle un hommage posthume à l’abbé Georges Beyron, grand amateur de ces jeux dès la publication des enregistrements d’orgues espagnols par Francis Chapelet au début des années 1960 ?


19 mars 2023

Concerts à l'orgue de Dole, saison 2023

 Concerts au grand orgue Riepp,

(Amis de l’orgue de Dole)

- Samedi 1er avril à 18h30 et dimanche 2 à 14h30 :

Pupitres en liberté (manifestation organisée par le conservatoire de Dole)

Guillaume Prieur : « Science et contrepoint ; la polyphonie française à l’aube du XVIe siècle »

Œuvres de Claude Le Jeune et Eustache du Caurroy

- Dimanche 2 avril 10h30 :  Messe dominicale en musique,

Pierre Pfister & l’ensemble Euterpe

- Mardi 11 avril 20h30 « Œuvres d’orgue de Bach » Audition offerte par Jean-Luc Ho

-  Vendredi 19 mai 20h30 : Concert Chant et orgue, Françoise Masset et Etienne Baillot 

Monteverdi, Charpentier, Purcell, Scheidt, Schein, Clérambault, Muffat.

Quatre “Petits” Concerts du Marché, les samedis à 11h30, durée 30mn

·        22 juillet             Anne-Marie Blondel : Bach

·        29 juillet             Martin Gester : Grigny, Haendel, Rameau

·        05 août               Matthieu Boutineau : Mozart

·        12 août               Pierre Pfister : Sweelinck, Bach 

- Dimanche 03 septembre, 17h30

Récital Benjamin Alard   Rameau

- Journées européennes du Patrimoine 16 et 17 septembre 2023 :

Présentations et visites de l’orgue, horaires selon disponibilité de la Basilique

09 février 2023

Faire l’histoire d’un orgue

 



Pour tous ceux qui auraient bien voulu venir le 13 février aux archives départementales de la Côte-d’Or pour écouter cet exposé, mais qui ont eu peur de la neige, de la grève etc…

Vous pouvez trouver le texte de l’exposé et le diaporama : 

Cliquez sur le lien ci-dessous
https://archives.cotedor.fr/v2/site/AD21/Apprendre/Atelier_du_chancelier_Rolin/Sources_et_methodes

faites dérouler cette page et sélectionner 

le document (diaporama) et/ou 

le texte de la conférence :

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Faire l'histoire d'un orgue (par Pierre-Marie Guéritey)

> télécharger le document
> télécharger le texte de la conférence

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21 janvier 2023

Pourquoi Cavaillé-Coll est-il venu construire un orgue à Poligny (Jura) ?

 On se le demande encore aujourd’hui… :

Photo P.M. Guéritey 2020
« En 1854, l'instrument de la collégiale Saint-Hippolyte de Poligny est jugé dans un état irréparable : le conseil de fabrique prend alors la décision de faire construire, dès que possible, un nouvel instrument d'après le système perfectionné actuellement en usage. Le 7 mars 1858, le conseil municipal vote une subvention de 8 000 francs au conseil de fabrique. Le 13 juillet, Aristide Cavaillé-Coll, sans avoir été sollicité pour cela, présente un devis pour la construction du nouvel orgue. Cela étant, comment ce dernier a-t-il été contacté ? La question reste ouverte lorsque l'on sait qu'il n'est jamais intervenu dans cette région ».
(Site des amis de l’orgue de Poligny : https://orguepoligny.weebly.com/poligny-saint-hippolyte.html)

 Ce bel instrument, a été restauré par Dominique Lalmand en 1990 et sa réputation n’est plus à faire;  il accueille chaque année plusieurs concerts.

Alors, il n’est pas inutile de chercher à savoir pourquoi Aristide Cavaillé-Coll au sommet de sa gloire est venu en personne à Poligny, d’abord pour présenter un devis, puis pour assister à la réception et au concert d’inauguration par Lefébure-Wely le 24 novembre 1859.

A qui donc Aristide Cavaillé-Coll pouvait-il envoyer à Poligny une lettre avec ce genre de blague :

"[...] Il serait à désirer dans l’intérêt de l’art et de la religion qu’il y ait beaucoup d’évêques comme Mgr Didiot (*) qui n’est pas un idiot [...]" 

(*) Mgr Didiot, évêque de Bayeux et Lisieux 1856-1866.

???

Lire la réponse en cliquant sur le lien ci-dessous

Cavaillé-Coll à Poligny

25 juillet 2022

Gray (Haute-Saône) : l’organiste vend les tuyaux de l’orgue à un ferblantier…


L’histoire de l’orgue et des organistes de l’église Notre-Dame de Gray (Haute-Saône) est bien connue, depuis la construction par Valentin, la reconstruction par Riepp, et plus tard, les travaux des Callinet puis  de Jacquot au xixe siècle, enfin la reconstruction de l’orgue Callinet  par Jean-François Muno :
- Jacques Gardien, L’orgue et les organistes en Bourgogne et en Franche-Comté au dix-huitième siècle, Paris, Librairie E. Droz, 1943.

- Pierre Marie Guéritey, Karl Joseph Riepp et l’orgue de Dole, (thèse de doctorat en musicologie soutenue devant l’université Lyon II, dir. Daniel Paquette, 15 juin 1985, Bron, impr. Ferréol, 1985, 2 vol., 649 p., ill., planches).

- Pierre Marie Guéritey « La Haute-Saône, terre d’accueil pour Les Callinet, Facteurs d’orgues (1872-1903) », Haute-Saône SALSA n° 107, janvier – avril 2019.

Néanmoins, on ne disposait jusqu’à maintenant d’aucun document entre les travaux de Riepp (1746-1749) et l’intervention de François Callinet en 1811. L’affaire de la dévastation de l’instrument par un organiste indélicat, qui a vendu les tuyaux à un ferblantier en 1798, vient à propos compléter la documentation sur cet orgue et ses organistes… 

(Début juin, je pensais encore pouvoir réserver la primeur de cet épisode rocambolesque à Sylvie Granger,  malheureusement ...)

pour en savoir plus cliquez sur le lien ci-dessous :

l'orgue de Gray dévasté par l'organiste

05 avril 2022

Orgues et Organistes de l’abbaye de Corneux (1763-1790)

L’abbaye de Corneux, de l’ordre des Prémontrés, en Haute-Saône, au village de Saint-Broing, à 5 km de Gray a été supprimée pendant la Révolution française.

Possédant un vaste domaine, elle avait connu au xviiie siècle une grande prospérité, en particulier à l’époque de l’abbé Jacques Tranquille de Belloy (1757-1773), en relations avec l’abbaye de Bellelay en Suisse et les abbayes du sud de l’Allemagne, notamment l’abbaye de Schussenried en Souabe, grand centre de l’activité musicale de l’ordre. Les bâtiments ont été reconstruits dans la première moitié du au xviiie siècle, et l’église de 1759 à 1763 par l’abbé Jacques Tranquille de Belloy.

           Dès la fin de la reconstruction de l’église, il a été question de placer un orgue sur la tribune. Après plusieurs projets, il a été construit par Joseph Rabiny qui l’a terminé en août 1766. En 1790, il faisait encore partie du mobilier de l’abbaye. 

projet du buffet d'orgue de Corneux (Dessin de Joseph Rabiny, AD70, H751) 

Les documents conservés aux Archives départementales de la Haute-Saône permettent de connaître la brève histoire de cet instrument malheureusement disparu. On y découvre deux projets de Charles Joseph Riepp, et Joseph Rabiny s’y révèle marchand de vins à Dijon…

En 1790, il ne restait que 6 religieux dans l’abbaye. Pendant la Révolution française, l’église a été démolie, les bâtiments vendus comme Bien national ont été en partie détruits.


Le "château" (ancienne abbaye) de Corneux
 

Lire ci-dessous :orgues et organistes de l'abbaye de corneux


31 mars 2022

Bénigne Boillot (1725-1795), facteur d'orgues à Dijon

 Bénigne Boillot (1725 – 1795) Facteur d’orgues L’orgue et les organistes, 1591-1798.

                1 volume, 502 pages, photos, illustrations. ISBN 979-10-699-6808-0

2021, Chez l’auteur, à Saint-Jean-de-Losne.

Presque tous les orgues construits par Bénigne Boillot (Nuits-Saint-Georges 1725-Dijon 1795) ont été détruits ou transformés. Seul, l’orgue de l’église Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-Losne (Côte-d’Or) est conservé pratiquement dans son état d’origine avec une grande partie du mobilier de cette église antérieur à la Révolution.

Le buffet d'orgue de Saint-Jean-de-Losne

Tuyauterie du Positif de Saint-Jean-de-Losne

    Régulièrement entretenu, l’orgue de Saint-Jean-de-Losne (1768) reste aujourd’hui un instrument de musique remarquable et ouvre un accès direct à l’orgue français du milieu du xviiie siècle dans ce qu’il a de meilleur : en effet, Bénigne Boillot a travaillé quelque temps avec les frères Riepp, puis avec Dom Bedos, le célèbre Bénédictin, auteur du traité « L’art du facteur d’orgues », avant de venir s’installer à Dijon.

    Il s’agit de révéler les détails de la vie de ce facteur d’orgues né à Nuits-Saint-Georges : sa formation, son entourage, ses échecs et ses succès, puis d’étudier les orgues sur lesquels il est intervenu : qu’il les ait construits, restaurés ou simplement imaginés à l’état de projets : Saint-Jean-de-Losne, bien sûr, mais aussi Nuits-Saint-Georges, Jussey, Seurre, Riceys-Bas, Saint-Jean de Dijon, etc.

Le buffet d'orgue de Nuits-Saint-Georges
(Eglise saint-Symphorien)

    Il convient aussi de présenter Bénigne Boillot dans la longue suite d’organistes et de facteurs d’orgues, actifs à Dijon et aux alentours aux xviie et xviiie siècles, que les archives permettent de connaître, ainsi que leurs réalisations, dans le contexte de leurs relations pas toujours faciles avec leurs clients : chapitres, paroisses, communes … exigeants et peu enclins à la dépense pour leurs orgues et leurs organistes. Après quelques prédécesseurs célèbres ou méconnus, les collègues et concurrents immédiats de Boillot se nomment Charles-Joseph Riepp, Joseph Rabiny, Jean Richard, François Callinet, et les organistes qu’il a pu fréquenter : les Balbastre, les Lausserois, François Leclerc et bien d’autres. 

            Cet ouvrage s’appuie sur de nombreuses sources primaires, archives pour la plupart transcrites in extenso, il contient aussi des descriptions techniques pour lesquelles on a recherché l’équilibre entre les détails intéressant les professionnels et une approche plus globale.

Pour vous procurer ce livre cliquez sur le lien ci-dessous:

 BENIGNE BOILLOT