Voir le lien sur notre 2e blog :
http://saint-jean-de-losnetourisme.blogspot.fr/2014/01/philippe-hartmann-facteur-dorgues.htmlhttp://saint-jean-de-losnetourisme.blogspot.fr/2014/01/philippe-hartmann-facteur-dorgues.html
Pierre Marie Guéritey, janvier 2014
Autour d’un facteur d’orgues qui était aussi marchand de vins et propriétaire de vignobles dans les meilleurs climats de la Côte de Nuits, chroniques historiques des orgues de Bourgogne et de Franche-Comté, les facteurs, les organistes par Pierre Marie Guéritey
27 janvier 2014
20 janvier 2014
Philippe Hartmann et K-J. Riepp, hommage…
En hommage à Philippe Hartmann qui nous a quittés ce jeudi
16 janvier 2014, nous publions quelques documents au sujet du sauvetage de
l’orgue de Dole qu’il a fait en 1959, avec la complicité du chanoine Pierre Boillon
curé de Dole.
Après avoir effectué la remise en état de l’instrument
détérioré pendant l’été 1958 par la restauration du buffet, et la remise en
ordre du chœur d’anches, il lui a redonné une composition plus en accord avec
ce qu’il était à la fin du xviiie siècle,
il a repris l’harmonie, accordé l’instrument au tempérament inégal (déjà…) etc.
Nous sommes en 1958 l’orgue de Dole est encore à peu près
dans son état de 1855 après les derniers travaux des frères Stiehr. Pendant
l’été, en l’absence de Jacques Béraza, le décapage du vernis de 1855 est
effectué sous l’égide des Monuments Historiques. Jacques Béraza revient de
vacances, … c’est la catastrophe : le vernis a coulé dans l’orgue, plus
rien ne parle ….ou du moins plus grand-chose.
« Compte
rendu de l’état du grand orgue de la paroisse de Dole le 4 octobre 1958
Le buffet de
l’instrument a reçu une restauration indispensable et bien effestuée. Toutefois
un démontage préalable de la tuyauterie aurait été souhaitable, qui aurait permis
en outre de protéger le mécanisme des sommiers de l’éventualité d’un accident
tel qu’il s’en est produit dans des proportions heureusement limitées.
Le vernis s’est
introduit au travers le haut des boiseries dans toute la tuyauterie du Grand
Orgue et de la Pédale
coulant dans quelques soupapes qui demeurent collées (1° mi, 2° ré, etc.), et
bloquant plusieurs registres (cornet, montre 16, Bombarde, les 2 trompettes,
clairon etc.) l’accord des tuyaux s’est trouvé faussé surtout les fournitures
et cymbales et les jeux d’anches, précédement en bon fonctionnement, ne
parlent à peu-près plus.
Les tuyaux étaient
déjà fatigués surtout pour les jeux d’anches des claviers de Grand Orgue de
Positif et de Pédale. La restauration complette de ces 11 jeux peut être
évaluée à 640000 dont une centaine de mille fr. motivés pr la présence de
vernis dans ces seuls jeux. Si le nettoyage des autres jeux également affectés
peut être différé (1.800.000 pour les 18 autres jeux de Pédale et de Grand
Orgue) les dégas et préjudices peuvent (être) évalués (à) 450.000 frs. dans
l’ensemble de l’instrument (sous réserve d’autres constatations).
Par ailleurs, la
dépose des jeux d’anches du Positif a été faite par Monsieur Béraza, organiste.
La remise en place de ces jeux entraine quelques fraits (60.000 fr.).
Les préjudices
peuvent donc être groupés sur les jeux les plus atteints, tels les jeux
d’anches du Grand Orgue et de la
Pédale.
(devis ci-joint)
Devis de
restauration des jeux d’anches du grand orgue de l’Eglise parroissiale de Dole
Révision complète après
nettoyage des corps, pieds anches languettes, toutes utilisées dans leur
intégralité, dressage et soudure des parties abimées réajustage des canales
d’anches bien droits dans les noyaux, remontage d’une trentaine de noyaux,
façon à neuf de tous les coins en alisier, de toutes les razettes en acier
inoxidable.
Seraient faits à
neuf le 4° fa# de bombarde, le 5° ré de I° trompette du grand orgue
(manquants), en étain à 80% dans leur forme originale. Seraient refaits à neuf
les pointes des 12 tuyaux de basse de Bombarde du Grand Orgue du 1° do de la I ° trompette du même clavier du
1° do de la trompette de pédale, en étain au même titrage que l’ancien métal,
la partie supérieure des anciens corps étant conservée dans la mesure du
possible.
Les basses en chêne
de la bombarde de Pédale étant sérieusement avariées, il serait juste procédé
au colmatage des fuites au moyen de bandes de peau collées. Le pied du 1° sol
serait fait à neuf. (Une rénovation de ces tuyaux entrainerait une dépense
supplémentaire.)
Les registres et les
chappes seraient démontés nettoyés et réanchappés avec les clous d’origine. Le
faux-sommier de trompette-clairon de Pédale du coté Do serait refait à neuf.
Les tuyaux de basses seraient bien rajustés dans leurs croissants pour ne pas
s’affaisser.
Pour les jeux de Bombarde, 1° et 2° trompettes, clairon du G.O. 260.000 fr.
Pour la Bombarde
la trompette et le clairon de Pédale 180.000
Repose des quatre jeux d’anches Positif 60.000
Soit au total 500.000
fr.
toutes taxes incluses
Une provision du tiers des travaux acceptés seraient versables à la
signature. La pention de deux ouvriers serait à la charge de la parroisse
durant 23 jours pour la tranche concernant le Grand Orgue, 18 jours pour la Pédale , 4 jours pour les
Positif.
N. Ces travaux ne seraient
plus à refaire dans le cas d’une restauration
complette de l’instrument.
Fait à Charenton le 17 octobre 1958
Philippe Hartmann »
[N.B. Les prix sont anciens francs…]
Le chanoine Boillon ayant saisi l’architecte en chef des Monuments
Historiques, a reçu la réponse suivante :
« Paris le 7 novembre 1958
Monsieur le Curé,
En considération de notre dernier entretien concernant les dégâts subis
par le grand-orgue de la collégiale Notre-Dame de Dole, à la suite de travaux
de remise en état du buffet, j’ai l’honneur de vous faire savoir que je me suis
mis en rapport avec Monsieur Norbert Dufourc
(sic), membre de la
Commission Supérieure des orgues à l’Administration des
Monuments Historiques.
Il ressort de cette conversation que si vous en exprimez le désir Monsieur
N. Dufourc et moi-même demanderons
qu’un expert de l’Administration des Monuments Historiques soit désigné pour
évaluer le montant des dommages subis, et faire effectuer, à la charge de
l’Etat, les réparations correspondantes.
Je tiens cependant d’après les renseignements reçus de Monsieur N. Dufourc, à attirer votre attention sur
les points suivants :
- l’expertise ayant eu lieu, il est très possible que le montant des
dégâts soit effectivement etié à une somme approximative de 500000 frs et que
les travaux correspondants soient autorisés par l’Etat.
- Mais il est alors vraisemblable que le facteur d’orgues chargé
d’effectuer la réparation ne sera pas Monsieur Hartmann, mais un facteur
d’orgues agréé par l’Administration des Monuments Historiques.
- En outre, cette réparation ayant été effectuée aux frais de l’Etat
sur demande expresse, il est probable que l’Administration se montrera très
réticente dans quelques années, pour autoriser le projet de remise en état
générale dont cet orgue a le plus grand besoin, car ce n’est pas 500.000 fr.
qu’il faut obtenir pour cette remise en état générale, mais 15 millions.
Je me permets de vous suggérer dans l’intérêt même de la collégiale
Notre-Dame et de son grand orgue classé de voir s’il ne serait pas possible.
-de rechercher sur le plan local les 300.000 ou 400.000 francs
éventuellement nécessaires pour effectuer les quelques réparations actuellement
indispensables.
Je me propose d’ailleurs si vous pensez que cela puisse donner ces
résultats de faire, conformément à vos conseils, telle visite que vous pourriez
juger utile.
- D’attendre quelques années que la remise en état générale de
l’intérieur de la
Collégiale Notre-Dame soit effectuée pour déposer à ce
moment-là, le projet de la réfection du grand orgue.
Présenté dans ce sens et à cette époque, ce projet aurait les plus
grandes chances de succès. Monsieur N. Dufourc
et moi-même, qui y sommes très favorables donnerions tout notre appui à sa
réalisation.
Je vous serais très reconnaissant de bien vouloir me donner votre
sentiment sur les termes de cette lettre, et en attendant le plaisir de vous
lire, je vous prise de bien vouloir agréer, Monsieur le Curé, l’expression de
mes sentiments dévoués. »
En-dessous, de la main du chanoine Boillon :
« 15 XI, d’accord pour faire nous-même la réparation contre
promesse ci-dessus de restaurer l’orgue. »
Les « 300.000 ou 400.000 francs éventuellement nécessaires »
ont bien été trouvés et les travaux effectués en 1959 par Philippe Hartmann.
Merci Monsieur Hartmann, en particulier, pour ce travail.
Nous adressons à votre famille nos sincères condoléances et nous ne
vous oublierons pas.
Pierre-Marie Guéritey, 20 janvier 2014
© Photo et texte Pierre Guéritey
Inscription à :
Articles (Atom)